Attractivité de la fonction publique, une exigence devenue nécessité en Allemagne

Rendre la fonction publique attractive dans un contexte de vieillissement de la population et de situation favorable pour l’emploi peut devenir un véritable défi. C’est celui auquel est confrontée aujourd’hui l’Allemagne : 1/4 des effectifs est âgé d’au moins 55 ans et le taux de chômage (5,3 % en avril) est en baisse continue depuis 2009. Alors que l’âge de départ à la retraite a été repoussé (de 65 à 67 ans, le 1er janvier 20121), le pays fait face à une réelle difficulté pour recruter ses agents publics et de nombreux postes restent vacants pendant une longue période. La seule garantie d’un emploi à vie (de droit pour tout fonctionnaire et de fait pour tout agent contractuel en CDI) ne suffit plus à convaincre pour faire le choix d’une carrière dans le secteur public.

Le gouvernement fédéral a pris les choses en main afin de tenter d’inverser cette tendance. Pour se faire, il a lancé deux dispositifs qui visent à susciter les motivations en mettant l’accent sur les points forts que sont l’engagement au service de la collectivité et la variété des métiers au sein de l’Administration.

Une vaste campagne de communication a été lancée au début de l’été 2017 :







Appelée « durchstaaten » - un néologisme construit en fusionnant les mots durchstarten (démarrer, décoller) et Staat (État) - elle a mis en avant un argumentaire axé sur des valeurs : « nous, employeurs publics fédéraux, territoriaux et communaux, souhaitons embaucher des personnes qui s’investissent pour l’intérêt général ». Pour la première fois, les trois fonctions publiques se sont associées dans une démarche commune en partenariat avec les organisations professionnelles. En termes de communication, des séquences vidéo ont été diffusées sur plusieurs canaux (TV, Internet) et de nombreux dépliants ont été distribués dans les établissements de l’enseignement secondaire et supérieur. La bourse d’emploi a été rénovée et tous les services ont été invités à repenser l’attractivité de leurs campagnes de recrutement.

Mais l’Administration n’a pas souhaiter se « limiter » aux jeunes qui arrivent sur le marché du travail. Pourquoi ne pas éveiller l’intérêt de celles et ceux qui travaillent dans le secteur privé et qui peuvent apporter, en plus de leur formation, leur savoir-faire et leurs compétences ? Une démarche innovante qui relève autant d’une volonté d’ouverture que de la nécessité de capter les talents qui font défaut.

Pour cette initiative qui vise à sensibiliser ceux que l’on nomme les « Queereinsteiger », les autorités ont mis en avant la prise en compte de l’expérience acquise par le postulant, en précisant qu’aucune discrimination liée à l’âge ou à l’ancienneté dans la fonction publique ne saura être acceptée lors du recrutement. L’objectif est clair : donner aux personnes qui font le choix de rejoindre le secteur public dans une deuxième partie de leur carrière exactement les mêmes chances qu’à celles y ayant toujours travaillé.

Des premiers résultats qui sont encourageants, même si les effets se verront sur le long terme : les derniers chiffres publiés montrent que le nombre d’emplois publics est légèrement reparti à la hausse.


1 Et de 63 à 65 ans pour les personnes en situation de handicap.
 

 
Notes
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