Et après ? S’inspirer de ce qui a réussi pour définir une nouvelle organisation du travail

Paru dans le N°26 - Juin 2020
DOSSIER

Après plusieurs semaines au cours desquelles l’activité à distance est devenue le quotidien de tous ceux dont la présence sur leur lieu de travail n’était pas expressément indispensable, les différents secteurs de l’économie organisent le retour sur site. Tenant compte des nouveaux protocoles, mais aussi forts des défis qui ont été relevés, comment réinventer la vie au bureau ?

Selon un dernier recensement effectué par la Banque mondiale, les administrations nationales de 136 pays ont déployé massivement le télétravail. Une situation inédite qui a mis en exergue de réelles différences tant sur le niveau d’équipement et de développement des infrastructures que sur celui de l’acculturation à travailler autrement.

Mettre tout en œuvre pour sécuriser les espaces alloués à chacun en réactivant la dynamique collective va fortement mobiliser les services logistiques et l’encadrement. Les expérimentations ou initiatives menées pourraient être autant de solutions à étudier pour de futures organisations.

Certains pays déjà très en avance, à l’instar des Pays-Bas ou de la Finlande, ont d’ores et déjà annoncé qu’ils allaient promouvoir de façon plus large le télétravail afin qu’encore plus d’agents en bénéficient, en faisant - comme en France - évoluer le cadre réglementaire vers plus de flexibilité. Sur la base des rotations mises en place (en Afrique du Sud, en Croatie, en Espagne ou en Italie), on réfléchit à pérenniser un modèle mixte à égale quotité de temps qui présente des avantages pour gérer les plannings d’occupation des locaux. En Irlande, le Gouvernement envisage même de maintenir la situation actuelle sur la base du volontariat pour tous les postes qui, après évaluation, auront assuré une continuité de service à performance égale.

Quelques rares administrations (le ministère des Finances en Australie ou le service public fédéral Sécurité sociale en Belgique) avaient déjà bouleversé les habitudes en adoptant la politique du clean-desk pour rationaliser l’espace : plus de bureau attribué individuellement mais des emplacements interchangeables utilisés en fonction des flux et devant être laissés vides. Si, au-delà de la dimension économique, cette alternative pourrait apporter une réponse aux nouvelles contraintes sanitaires, elle reste encore assez peu plébiscitée par les agents publics. En revanche, pourquoi ne pas imaginer que les sites professionnels deviennent le lieu où l'on vient pour le partage et la créativité ?

Les nombreuses innovations déployées pendant la crise ont montré la réactivité des services publics. L’OCDE encourage vivement ses États membres à normaliser et à valoriser leurs démarches :

• des bourse d'emploi spécifiques facilitant la mobilité interne et le redéploiement des effectifs grâce au partage des compétences (en Autriche et au Canada),

• la dématérialisation des réunions qui engendre une nette réduction des déplacements (en Allemagne et en Suède),

• des outils de formation à distance faisant appel aux technologies de pointe (au Danemark et au Royaume-Uni),

 • un management des équipes en mode agile reposant sur la confiance et la reconnaissance pour les résultats obtenus (aux États-Unis et en Norvège).

Il est clair que ce dernier élément sera la pierre angulaire de cette nécessaire évolution des organisations. S’appuyant sur les actions entreprises, il contribuera activement à mettre en œuvre les termes de la recommandation sur le leadership et les aptitudes de la Fonction publique, adoptée en janvier 2019.

Rien ne devrait cependant se faire sans prendre en compte le retour d’expérience de tous. L’initiative « Bureaucracy Lab », en partenariat avec un consortium de trois universités (1), a préparé une trame d’enquête mise à la disposition de tous les États pour recueillir le ressenti de chaque fonctionnaire, des informations qui seront pour les décideurs d’une très grande utilité.


1 « Global Survey of Public Servants » regroupant l'University College de Londres, l'Université de Nottingham et l'Université de Stanford.


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