Formation des hauts fonctionnaires, ouverture et évolution du management vers le leadership

Paru dans le N°13 - Mars 2019
DOSSIER

Comment s’organise la formation des hauts fonctionnaires dans les autres pays ? Le modèle français, dans lequel formation statutaire et professionnelle se répartissent à part égale 8 % de la masse salariale, se différencie également par son important réseau des écoles de service public (RESP) qui en sont les opérateurs majeurs.

En matière de formation des futurs cadres supérieurs et dirigeants des administrations nationales, plusieurs tendances se dégagent qui sont souvent le reflet des systèmes de fonction publique d’une part, mais aussi des modalités de recrutement, voire des mécanismes de promotion interne et de mobilité fonctionnelle d’autre part.

Une étude menée par le ministère néerlandais de l’Intérieur pour le réseau EUPAN  a montré que seuls huit pays européens1 ont un cursus de formation obligatoire pour accéder à la haute fonction publique. Un chiffre relativement stable mais on note, en revanche, une augmentation du nombre de pays qui  imposent des cycles réguliers de formation aux hauts fonctionnaires en poste.

La grande majorité des pays  disposent d’un organisme (école ou institut) de formation pour les emplois supérieurs de l’Administration. Qu’ils assurent la formation initiale et/ou continue, deux catégories se  présentent :

• dans les pays méditerranéens (Espagne, Italie, Grèce et Portugal) à forte tradition de carrière comme c’est le cas également en Autriche, en Finlande, en Irlande, en Pologne ou en Slovénie, l’organisation est assez proche de celle de la France,

• dans le monde anglo-saxon, les écoles de formation assurent cette mission en partenariat étroit avec une université dédiée qui les fait bénéficier des travaux de la recherche. C’est le cas en Allemagne (Speyer), en Belgique (Louvain), au Canada (York), aux Pays-Bas (Leiden), au Royaume-Uni (Oxford) ou encore en Australie et Nouvelle-Zélande qui ont fondé un établissement commun,

En Estonie, en Hongrie et en Suisse, trois pays à fonction publique d’emploi, la formation continue des hauts fonctionnaires reste pilotée par l’État, mais est déléguée à l’université.

Afin de s’adapter au contexte des réformes, les modalités et contenus des enseignements évoluent. Les opérateurs nationaux diversifient leur offre et intègrent aujourd’hui le mentorat (Autriche, Pays-Bas), l’échange entre pairs (Belgique, Malte, pays scandinaves) et surtout la formation à distance (un tiers des pays européens) en réponse à la principale préoccupation que représente le fait de s’absenter lorsqu’on occupe des responsabilités.

Le travail sur le leadership (avec, par exemple, des modules dédiés au renforcement d’équipe en Finlande  ou au développement personnel au Royaume-Uni) ainsi que les qualités relationnelles, mais aussi la négociation sont les trois domaines qui ont bénéficié de la plus grande progression dans les programmes de formation des hauts fonctionnaires. Viennent ensuite le numérique et l’innovation, puis l’ouverture à l’international.

En Allemagne, où un grand nombre d’administrations sont labellisées « emploi et famille », tous les cadres sont fortement sensibilisés aux dispositifs sur l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

 

1 Bulgarie, Croatie, France, Grèce, Irlande, Italie, Slovaquie et Slovénie.


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