Analyse des grandes tendances sur le « vieillissement actif » en Europe

Paru dans le N°03 - Mars 2018
DOSSIER

Tous les pays sont aujourd’hui confrontés au recul de l’âge légal de départ à la retraite. Qu’ils aient opté pour des systèmes par répartition, par capitalisation, voire mixtes, les contraintes économiques induites à la fois par l’allongement de la durée de vie et la diminution parfois préoccupante de la natalité ne leur laissent guère d’autre choix. Le socle européen des droits sociaux et la stratégie « Europe 2020 » tendent tous deux à augmenter les taux d’emploi. En outre, les partenaires sociaux européens ont signé un accord pour aider les travailleurs âgés à participer activement au marché de l’emploi jusqu’à l’âge de la retraite.

Dans le cadre de son dernier colloque organisé sur le thème du « vieillissement actif », le Conseil d’orientation des retraites a présenté deux études récentes, menées à l’échelle européenne, qui décryptent les grandes tendances et mettent en lumière effets et impacts des politiques publiques nationales.

L’agence européenne Eurofound a, dans sa dernière enquête, établi le lien entre taux d’emploi des seniors et soutenabilité du travail (bonne qualité de l’emploi associé à un soutien tout au long du cycle de la vie). Si les personnes interrogées reconnaissent une augmentation de l’autonomie sur leur temps de travail et une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, elles pointent la difficulté de changer de poste et des carences sur la mise à jour des compétences et l’accès aux formations. Le socle européen des droits sociaux en a fait sa première priorité. Pour les auteurs, l’analyse des réponses permet d’affirmer que la réussite d’une politique de vieillissement actif se joue dès le début de la vie professionnelle.

L’étude montre également que la France est le deuxième pays (sur 352) où s’observe la proportion la plus élevée de personnes estimant qu’elles ne pourront pas faire leur travail ou un travail similaire après 60 ans.

Fruit d’une recherche cofinancée par la Commission européenne et la Commission économique de l’Europe des Nations unies, l’enquête « EU’s Active Ageing Index » a mesuré qualitativement le vieillissement actif pour souligner la contribution des seniors au pays et déterminer les marges de manœuvre existantes. L’indice est construit sur la base de 22 indicateurs répartis en quatre domaines : le taux d’emploi (par tranches de 5 ans, de 55 à 74 ans), la participation sociale, la qualité de vie et la présence d’un environnement propice. L’analyse des résultats permet ainsi d’expliquer les résultats plus positifs de certains pays et de motiver et d’orienter les pays moins performants.

La Suède arrive en tête de ce classement avec un indice de 44,9. Le pays obtient le meilleur résultat dans trois domaines sur quatre (dont le taux d’emploi). Il est suivi par le Danemark et les Pays-Bas. Ces trois pays sont d’ailleurs ceux qui, proportionnellement, dépensent le plus pour les seniors. La France affiche un indice de 35,8 (7e position sur 28), qu’elle doit aux bons résultats en matière de participation sociale. Comme l’Allemagne (qui a un taux d’emploi plus élevé), elle oriente ses dépenses publiques vers les jeunes actifs.
 

1 Selon l’OCDE « la capacité des personnes qui avancent en âge de mener une vie productive dans la société et l’économie »

2 Union européenne + Albanie, Macédoine, Monténégro, Norvège, Serbie, Suisse et Turquie
 


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