« moncompteformation », une « appli » inspirée des géants de la tech
L'application mobile pour gérer ses droits à la formation sera disponible début décembre. Le ministère du Travail a conçu une place de marché comme Airbnb. Demain, ce sera aussi un moteur de recommandation comme Netflix voire un outil de l'appariement façon Tinder.
Les impôts ont leur application mobile. La CAF, la Sécurité sociale ou Pôle emploi également. Mais avec « moncompteformation », la future « appli » pour gérer son compte personnel de formation (CPF) qui sera téléchargeable début décembre, le ministère du Travail s'est montré plus ambitieux. « Nous avons déjà alimenté 33 millions de comptes. Il n'y a rien d'autre à faire que d'entrer son numéro de Sécurité sociale et toutes les informations apparaîtront », explique-t-on dans l'entourage de la ministre Muriel Pénicaud.
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La Caisse des dépôts, chargée de développer l'application, abonde : « Dans le champ des services publics, c'est une première. Nous avons construit une place de marché - un peu comme un Airbnb ou un Booking de la formation professionnelle. »
Une « market place » publique
Comme pour n'importe quelle « market place », tout le parcours est intégré dans l'« appli » : l'utilisateur aura accès à son solde en euros , cherchera une formation, s'y inscrira et l'évaluera une fois complétée - ce qui déclenchera le paiement. Mais le caractère public de l'« appli » a obligé ses concepteurs à se montrer imaginatifs, notamment pour le moteur de recherche : l'ordre d'apparition des offres ne doit pas refléter les efforts marketing ou financiers des organismes de formation.
En fonction des critères de recherche, l'application calculera un score de pertinence des offres de formation. Si plusieurs propositions se valent, elles seront ordonnées au hasard. Deux requêtes identiques pourront donc aboutir à un classement différent (à moins qu'elles n'émanent de la même adresse IP).
Airbnb, Netflix, Tinder…
Avec 1 million de dossiers formation par an à gérer, l'automatisation est clef. Les soupçons de discrimination ou de dérive sectaire sont identifiés par des logiciels. Idem pour la lutte contre la fraude. Et demain, la masse de données disponibles doit permettre d'aller plus loin.
« moncompteformation » s'enrichira bientôt de toute la trajectoire professionnelle des actifs. « Ce sera l'équivalent d'un LinkedIn à valeur probante », assurent les développeurs. Cela permettra également à l'« appli » de devenir un moteur de recommandation : les formations suivies par des profils similaires, celles proches de ses compétences ou au meilleur rendement dans son bassin d'emploi… un Netflix de la formation en quelque sorte.
Et pourquoi pas un Tinder ? Au ministère du Travail, on y songe déjà : « Grâce à la masse de données, on pourra à terme faire de l'appariement avec les offres d'emploi. Ce sera un outil encore plus précieux. »
Sébastien Dumoulin