Une rénovation en profondeur des modalités de recrutement et de formation au sein des instituts régionaux d’administration (IRA)

Paru dans le N°112 - Avril-Mai 2019
Recrutement et formation

La réforme des instituts régionaux d’administration (IRA), initiée par le décret n° 2019-86 du 8 février 2019 (Vigie n° 111. Février-Mars 2019), procède à une profonde rénovation des processus de recrutement et de formation des élèves des IRA.

Les nouveaux processus de recrutement des élèves des IRA :

Ainsi que le prévoit le décret du 8 février 2019, deux sessions de concours chaque année, contre une seule précédemment, seront désormais organisées afin de permettre aux IRA d’accueillir et de former deux promotions chaque année et aux employeurs de bénéficier de deux vagues d’affectations chaque année, en mars et en septembre.

Pour la session des concours d’automne 2019, dont les inscriptions seront ouvertes du 4 juin au 4 juillet 2019, les épreuves continueront de se dérouler selon les modalités habituelles, fixées par arrêté du 6 juin 2008.

A compter de la session de printemps 2020, s’appliqueront les nouvelles modalités d’épreuves conçues pour mieux tenir compte des compétences et aptitudes des élèves ainsi que des attentes des employeurs. L’arrêté du 28 mars 2019 s’appliquera ainsi aux épreuves des concours ouverts en décembre prochain.

Des épreuves communes aux trois concours externe, interne et 3ème concours :

Les modalités des épreuves sont désormais identiques pour les trois voies d’accès afin de marquer le caractère commun des attendus à l’entrée en IRA pour les candidats des trois concours. Les caractéristiques propres à chaque catégorie de candidats sont prises en compte lors de l’évaluation de leurs prestations, à travers une différenciation du niveau de compétences et d’exigences attendues.

Des épreuves rénovées :

Les épreuves d’admissibilité consistent désormais en la résolution d’un cas pratique et d’un questionnaire à choix multiples.

L’épreuve de cas pratique a pour objectif de sélectionner les candidats faisant preuve des meilleures aptitudes à s’insérer professionnellement dans leur future activité. A partir d’une commande et d’un dossier documentaire, le candidat sera amené à produire une courte note exposant les points saillants de la problématique et les propositions argumentées tendant à y répondre, ainsi que des documents de mise en œuvre opérationnelle de ces propositions.

L’épreuve de QCM permet de s’assurer que les candidats possèdent le socle minimal de connaissances exigées à l’entrée en IRA. Elle comportera un maximum de 120 questions dans quatre thématiques : culture juridique et administrative ; finances publiques ; organisation, fonctionnement et politiques des institutions européennes ; culture numérique. Le programme est fixé par l’arrêté du 28 mars 2019.

L’épreuve d’admission demeure un entretien avec le jury dont la durée est portée à trente minutes dont cinq minutes de présentation par le candidat. Cette épreuve permet d’apprécier les aptitudes et la motivation des candidats à exercer leurs futures fonctions et de reconnaître les acquis de leur expérience professionnelle. Le jury pourra mettre le candidat en situation professionnelle et l’interroger sur les enjeux des politiques publiques et leur environnement administratif.

L’épreuve de langue n’est pas reconduite mais la scolarité en IRA prévoit un parcours de langue spécifique pour les élèves dont le corps de sortie est celui des secrétaires des affaires étrangères.

Ces nouvelles modalités entrent en vigueur pour la session de printemps 2020 des concours d’accès aux IRA qui sera ouverte en décembre 2019, pour une entrée en IRA le 1er septembre 2020.

Un nouveau modèle de formation initiale pour les élèves des IRA :

L’arrêté du 26 avril 2019 relatif aux modalités d’organisation de la formation initiale dispensée par les instituts régionaux d’administration, qui entrera en vigueur dès la rentrée de septembre 2019, définit les modalités de mise en œuvre du nouveau parcours de formation offert aux lauréats des concours d’accès aux IRA. La réforme permet un important renouvellement des pratiques pédagogiques qui place l’approche par les compétences et l’individualisation des formations au cœur du processus de formation.

L’élève, suivi par un référent désigné au sein de l’IRA, est accompagné dans l’évaluation de ses compétences, à différentes étapes de son parcours, dans le but d’alimenter un portfolio des compétences qui lui est remis à la fin de son parcours de formation.

Le parcours se déroule désormais en deux périodes probatoires d’une durée de six mois chacune :

Le déroulement de la première période probatoire : six mois en institut

Dès l’entrée en formation, un dispositif d’évaluation des connaissances et des compétences de l’élève lui est proposé afin de construire avec lui un parcours de formation correspondant à la fois à son projet professionnel et aux besoins de son futur employeur. Ce parcours de formation est formalisé à travers un contrat de formation.

La première période probatoire, qui se déroule exclusivement en institut, se décompose en trois temps.

Le premier temps consiste en un tronc commun d’une durée minimale de neuf semaines, articulé autour de six domaines de compétences. Le deuxième temps, d’une durée de cinq semaines, permet d’approfondir des sujets d’enseignement en fonction du projet professionnel de l’élève qui choisit pour cela trois domaines de spécialisation. Le troisième temps, d’une durée de trois semaines, intervient à l’issue du choix du premier poste d’affectation afin de permettre à l’élève de compléter son parcours en acquérant des compétences et connaissances propres à son futur environnement professionnel. Cette progressivité permet une individualisation des parcours de formation.

Le classement

Au cours du cinquième mois, l’élève fait l’objet d’un classement établi par un jury qui prend en compte trois notes différentes établies dans le cadre de deux exercices distincts. La première note est attribuée à l’élève au terme de la soutenance collective d’un rapport sur commande de l’administration. La remise d’un mémoire de professionnalisation donne lieu à deux notes individuelles, l’une portant sur l’écrit, l’autre sur la soutenance.

Ces exercices permettent d’évaluer la capacité des élèves à travailler en équipe, à prendre des initiatives pour recueillir les informations utiles à leur travail, à analyser et synthétiser ces informations et proposer des solutions adaptées aux problématiques rencontrées tout en faisant preuve d’esprit critique et d’innovation.

Après établissement du classement, une liste de postes est présentée aux élèves, précisant les fonctions à exercer et leur localisation géographique. Les élèves formulent leurs souhaits et sont départagés en fonction de leur classement. L’élève est ensuite pré-affecté sur son poste et débute la seconde période probatoire, en exercice professionnel, au cours de laquelle l’élève fait l’objet d’un accompagnement renforcé.

Le déroulement de la deuxième période probatoire : deux phases de deux et quatre mois dans l’administration d’affectation

L’élève, qui reste sous l’autorité du directeur de l’institut régional d’administration pendant les deux premiers mois de cette période probatoire, bénéficie d’un accompagnement individualisé, modulé selon ses besoins et mis en œuvre en lien avec son référent. En cas de besoin, le référent peut décider de renforcer cet accompagnement. Par ailleurs, une semaine de regroupement est organisée sur des thématiques fonctionnelles identifiées en fonction des besoins des élèves.

Pendant les quatre derniers mois, l’élève est nommé par son administration d’accueil en qualité de fonctionnaire stagiaire au sein de son corps d’accueil (attaché d’administration de l’Etat ou secrétaire des affaires étrangères). Il continue jusqu’à sa titularisation d’être accompagné par l’IRA dont il relève, y compris en cas de prolongation ou de prolongation de stage. Cet accompagnement prend la forme de formations collectives définies en coordination avec les employeurs et d’un accompagnement individualisé modulé selon ses besoins, en lien avec le référent.

Au-delà de la titularisation, l’enjeu de ce parcours de formation d’une année fondé sur les compétences des élèves, est de mieux articuler formation initiale et formation continue. Les fonctionnaires issus des IRA auront la capacité de se projeter dans un parcours professionnel diversifié en utilisant de manière pertinente les offres de formation continue qui leur seront proposées.

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