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Radioscopie des DRH : une profession sous tension

L’Observatoire Cegos vient de publier sa « Radioscopie des DRH »*. Il s’agit de la troisième édition de ce baromètre, paru pour la première fois en 2012, puis en 2016. Etat des lieux d'une profession dont le périmètre croît, mais pas les moyens.

L'édition 2019 réserve quelques surprises, notamment en ce qui concerne la variété croissante des profils des DRH et RRH.

« Il y a une accélération très nette. De plus en plus de DRH et RRH sont issus d’autres fonctions : business, opérationnel… » précise Isabelle Drouet de la Thibauderie, Manager d’Offre et d’Expertise RH au groupe Cegos.

A l'image des profils, les missions se diversifient elles aussi. Mais si une majorité de DRH et RRH considèrent que leur périmètre s’est enrichi depuis 3 ans, nombreux sont ceux qui regrettent manquer de temps pour leur cœur de métier - l’accompagnement des salariés - et reconnaissent être sous pression.

Les réformes de ces dernières années ne sont pas étrangères à cette surcharge de travail, de même que l’accélération des transformations auxquelles font face les entreprise (révolution numérique), entrainant de fréquentes réorganisations.

Un environnement  qui contraint près d’un professionnel RH sur deux (44%) à agir parfois « contre ses valeurs ». Ils n’étaient qu’un tiers en 2012.

Réglementation chronophage

Alors qu'ils avaient choisi ce métier pour « accompagner le développement des collaborateurs et de leurs compétences » (61% des répondants), la réalité est autre.  « Bien souvent, il s'agit de mener à bien des restructurations » précise Isabelle Drouet de la Thibauderie, « La mission principale des DRH et RRH consiste en effet à accompagner le changement (41% des réponses) et faire bouger les lignes de leur organisation (33%) ». 

Du côté des salariés, la perception de la profession n’a que peu évolué depuis 2016 : le DRH/RRH ne tient pas suffisamment compte de la dimension humaine. Il reste trop centré sur les chiffres et l'aspect juridique.

Il faut dire qu'aux changements organisationnels se sont ajoutées des évolutions réglementaires, particulièrement nombreuses depuis 2016 : 76 % des DRH et RRH affirment « passer beaucoup de temps à mettre en place les accords ».

Difficile déconnexion

Parallèlement, il leur faut faire face à l’imprévu et « éteindre des incendies » (70% des réponses). Le DRH "pompier" interrompt ses tâches quotidiennes pour des urgences avec, comme conséquence, une explosion de ses heures de travail. Une situation vécue par 64% des professionnels RH. Cette fonction en charge de la prévention des RPS n’est donc pas préservée : plus de la moitié des DRH et RRH a du mal à se « déconnecter des situations vécues au travail » le soir venu.

Point positif, une large majorité de DRH et RRH (88%) pense que le métier est plus riche qu’avant (pilotage, gestion de sujets plus variés). 68% envisagent de rester dans les RH d’ici 5 ans, soit 5 points de plus qu’en 2016.

Enfin, la fonction continue d’attirer, notamment des candidats issus d’une reconversion professionnelle... une petite consolation pour une profession « très exposée et mise à mal ces dernières années ».

Christina Gierse

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Etude conduite en France au mois de février 2019, auprès de 1065 salariés et 201 directeurs ou responsables des RH, travaillant tous dans des entreprises du secteur privé ou des organisations de plus de 100 salariés.